Bien consciente de l’enjeu d’attractivité qu’elles représentent, les collectivités et offices de tourisme proposent de plus en plus de supports numériques aux activités sportives pour les habitants et visiteurs du territoire. On assiste ainsi depuis une dizaine d’années, à la multiplication d’outils spécifiques pour favoriser la pratique sportive, en particulier les activités d’itinérance douce (vélo, randonnée) qui demeurent d’excellents moyens de découverte de son environnement.
Les applications sportives, des enjeux multiples pour les collectivités.
Vélo, course à pied, randonnée mais aussi fitness, course d’orientation… Les collectivités (villes, départements, régions) multiplient les initiatives pour inciter à la pratique sportive et mettent en place de nombreuses infrastructures dédiées : aménagements de parcours santé pour les coureurs, voies cyclables, city-stades, etc. Mais de plus en plus, les villes accompagnent ces actions par la mise à disposition d’outils numériques qui permettent de proposer de nouvelles expériences.
Au départ, il s’agissait là de s’inscrire dans une action de santé publique. Largement incitée à l’échelon national par le Ministère de tutelle, la pratique sportive est au cœur de toutes les politiques de préventions des maladies cardio-vasculaires depuis près de vingt ans.
Aujourd’hui, l’enjeu relève davantage du marketing territorial. Pour les collectivités en quête d’attractivité, il y a là un intérêt fort à proposer la plus grande offre sportive, aussi bien en termes de couverture du territoire que de diversité des activités. Le sport apparaît en effet comme un vecteur de découverte et d’immersion dans son environnement, et favorise la consommation d’hébergements et de restauration (surtout, d’ailleurs, dans le cas des sports d’itinérance).
Des simples listes de circuits aux expériences en réalité virtuelle.
Parmi les outils numériques mis à disposition par les collectivités, une tendance se dégage : le recours de plus en plus fréquent à des solutions mêlant le sport, découverte et jeux. La vague des applications recensant sur une même plateforme plusieurs idées de circuits ou balades en tout genre, est aujourd’hui suivie d’une tendance à la gamification. Il ne s’agit plus de présenter le territoire tel qu’il est, mais de lui superposer une autre réalité, à la fois fictive et ludique.
Le cas de la région Nouvelle-Aquitaine nous permet de mieux cerner cette évolution : en 2014, elle lançait Itiaqui, une application gratuite qui propose plus de 1000 balades à faire à pied, à vélo, ou encore à cheval dans toute la région, en plus services complémentaires (géolocalisation, temps réel, etc.). Plus récemment, l’organe touristique de la région a lancé Terra aventura, une application de chasse aux trésors, proche de la course d’orientation. L’utilisateur, « plongé dans un univers captivant », est appelé à (re)découvrir son territoire en partant à la recherche de personnages. Mélange savant entre Pokemon Go et géocaching, l’utilisateur doit découvrir des cibles virtuelles matérialisées sur le terrain par des « caches ».
Autre type d’application sportive caractéristique de ce recours à des logiques plus ludiques et servicielles : « enform@Lyon ». Lancée par la mairie lyonnaise, elle propose 11 parcours audioguidés, classés selon des niveaux de difficultés (vert, bleu ou rouge). De nombreux exercices sont proposés pour réaliser des gainages, des flexions ou encore des abdominaux. La particularité de cette application est qu’elle s’appuie sur le mobilier urbain pour la réalisation des exercices. Ainsi, les marches d’escaliers, les murets ou encore les bancs peuvent permettre de réaliser les programmes d’exercices.
Les applications sportives, utiles ou gadgets ?
Au delà de l’effet de mode indéniable, qui pousse les collectivités à s’aligner les unes sur les autres pour développer et proposer ce genre d’outils, on peut s’interroger sur la réelle utilité de ces applications en termes de services à l’usager et de mise en avant du patrimoine.
D’après notre retour d’expérience auprès des offices de tourisme et autres collectivités, lancer une application de sport est une stratégie intéressante pour un territoire lorsqu’elle s’intègre dans une démarche plus globale de valorisation et lorsqu’elle portée par un plan efficace de promotion. Par ailleurs, pour être gages de réussite, elles doivent remplir un certain nombre de contraintes techniques précises.
En premier lieu, ces applications ne peuvent pas être de simples catalogues de circuits : elles doivent proposer un service supplémentaire et intégrer cette fameuse composante ludique. Pour un catalogue de circuit, mieux vaut opter pour une page web classique et responsive. Deuxièmement, ces applications doivent intégrer, si elles veulent toucher une audience suffisamment grande, l’aspect communautaire. Le fait de pouvoir échanger avec d’autres coureurs de son territoire et de prévoir des sessions de sport ensemble constitue une vraie force. Enfin, le fait qu’elles soient gratuites, dans une logique de service public est une autre condition de réussite.
Lorsqu’elles remplissent ce cahier des charges et sont portés par un plan de promotion efficace, ces applications peuvent représenter un vrai atout pour l’attractivité du territoire. Dans le cas contraire, elles ont de fortes chances de devenir des « coquilles vides », sans utilisateur et sans renouvellement de contenus.